samedi 25 septembre 2010

Luna Park

Buenos Aires, 4 septembre 2010

vendredi 24 septembre 2010

Dominos

Appelons-les A., B. et C.
A. ferme les yeux et glisse peu à peu dans un sommeil qui le fait échouer dans la chaleur d'un paysage méditerranéen. Dans son rêve qui doucement prend forme émerge la silhouette de B., un homme jeune qui, assis à même le sol à l'ombre d'un arbre, fait la sieste bras sur les genoux et tête inclinée sur la poitrine. B. dort et ce qui tourne dans sa tête est tout autre que la sérénité de l'endroit désert où il se trouve. Dans son rêve, B. voyage, assis au fond d'un bus bondé roulant avec fracas sur des chemins à peine carrossables. Dans ce rêve, ballottée par les cahots, il y a C., une jeune fille qui est peut-être son amie mais peut-être pas, et qui somnole à ses côtés. Bien sûr, C. rêve aussi : elle se revoit enfant, guettant le sommeil dans la chambre austère qu'elle partage avec ses sœurs dans la maison de ses grands-parents. C'est une nuit de pleine lune et les nuages qui passent dessinent des ombres qui glissent sur les murs et le plafond. Un coup de vent violent fait s'ouvrir la fenêtre en claquant et voler les rideaux. Le sentiment d'effroi qui saisit C. à cet instant suffit à mettre fin à son rêve et le cri qu'elle pousse à son réveil brutal surprend le conducteur. Le bus part dans une embardée se terminant par un crissement de frein strident qui à son tour interrompt le rêve de B. et le réveille de sa sieste. B. relève alors la tête et se tourne vers A., lequel reconnait dans les traits de ce visage qu'il croyait beaucoup plus jeune ceux de son père, disparu pourtant depuis longtemps déjà. B. regarde A. et lui dit : "Tiens, tu es là ? Alors, viens avec moi !" A. se réveille en sursaut.

jeudi 23 septembre 2010

Passerelles (28)

Orlando (FL), avril 2001

Traversant ce midi l'excellente librairie Passages (où, soit dit en passant, j'ai découvert un petit Plossu/Quintane sur Digne-les-Bains, mais là n'est pas le sujet), j'ai eu le regard involontairement attiré par une couverture exposée en hauteur sur une étagère latérale. Le titre m'est apparu comme étant "La science et le livre" mais, à y regarder de plus près, j'ai réalisé que c'était "Le silence et le livre" qu'il fallait lire. J'ai repensé alors à cette photo que j'avais retrouvée un peu par hasard il y a quelque temps et dont un survol rapide m'avait un bref instant laissé croire qu'y était écrit "BLOG FOR SALE"... (tout comme l'apparition dans un texte français du mot "EMAIL" tend aujourd'hui à renvoyer, inconsciemment mais davantage, au courrier électronique plutôt qu'à son acception classique.)
Sans doute nos inclinaisons, voire nos obsessions, façonnent-elles pour partie notre regard et, si les chemins que l'on emprunte se creusent de sillons d'autant plus profonds qu'on les parcourt plus souvent, passer à leur voisinage y ramène en proportion, inexorablement.

mercredi 22 septembre 2010

Amériques (20)

Tampa (FL), novembre 1983

mardi 21 septembre 2010

Chambres d'hôtel (42)

Goulding's Lodge,
Monument Valley (UT), mars 1999

Une chambre qui pourrait se résumer à son balcon et qu'on occupe en s'astreignant bien volontiers à la consigne implicite de se lever assez tôt pour voir le soleil apparaître en majesté derrière la johnfordienne ligne d'horizon.
Au-delà des murets de briques séparant les pièces en enfilade, on imagine qu'autant d'autres observateurs attendent emmitouflés, et que les photos que l'on pourra prendre s'ajouteront aux leurs comme à celles de ceux qui nous ont précédés et de ceux qui nous succéderont dans cette même chambre, en une répétition sans cesse renouvelée, presque identique mais toujours différente.

lundi 20 septembre 2010

Parking privé (4)

Tata Institute,
Bangalore,
janvier 2002

dimanche 19 septembre 2010

La transparence du photographe

On était venu le chercher à l'aéroport. Il ne connaissait celui qui l'attendait que professionnellement et ne savait rien de sa vie mais, lorsqu'il l'aperçut et vit qu'il était seul, il se surpris à penser qu'une présence féminine à ses côtés aurait été la bienvenue (en vol, le mélange alcool-altitude le rendait sentimental, il lui arrivait de verser une larme devant des films qui, à terre, l'auraient laissé de marbre). La sortie fut interminable. Pour atteindre le parking, il fallut contourner par des allées de bois le trou béant des travaux mettant l'aérogare sens dessus dessous et, pour quitter vraiment les lieux, il fallut encore composer avec un embouteillage qui n'en finissait pas. Lorsqu'ils se trouvèrent enfin engagés sur une autoroute à la circulation fluide, l'échange des banalités attendues s'était tari et la radio alternait ses chansons et ses publicités, répétant avec une obstination enjouée des numéros de téléphone gratuits à appeler pour faire, à n'en pas douter, de très bonnes affaires. Alors même qu'à peine arrivé, il pensait déjà au retour, il éprouva le besoin paradoxal d'arrêter le temps par une photo. Il hésita à sortir son appareil mais, lorsqu'il le fit — tout comme après qu'il eût déclenché —, il n'eut droit à aucune remarque. Il en fut quelque part un peu déçu.