mercredi 24 août 2011

Deux images…



… deux chemins, deux ans !

mardi 23 août 2011

Passerelles (50)

Gaylord Palms Resort & Convention Center,
Orlando (FL), avril 2002

Bond Place Hotel,
Toronto, juillet 2011

dimanche 21 août 2011

Leaving Toronto

Toronto, 14 juillet 2011

Cafés (20) et Passerelles (49)

Toronto, 12 juillet 2011

C'était à Lyon à la fin des années 70. Ce n'était pas "Chez Laurette" mais, "Chez Mado", c'était tout comme. On s'y pressait pour un café aux intercours ou pour un sandwich à midi, on s'y donnait rendez-vous, on venait prendre des nouvelles. Pas de flipper ni de juke-box, juste quelques tables en enfilade — alignées face au zinc dans la salle toute en longueur — et, au fond, une arrière-salle toujours enfumée où, le rideau de fer de l'entrée baissé, on finissait parfois la journée au "blanc cass" avec elle, Mado enfin assise mais encore le torchon à la main. Joues rouges et brillantes de paysanne (ce qu'elle redevenait le week-end dans sa "campagne" des Monts du Lyonnais où elle et son mari vivaient dans une cabane en continuant de construire une grande maison dont je ne sais si elle l'aura jamais habitée…), Mado avait un regard clair qui disparaissait dans le plissement de ses yeux lorsqu'elle riait. Elle avait aussi le verbe haut et il fallait filer droit lorsqu'on passait derrière le bar pour l'aider. Nos copines l'avaient pour confidente, elle qui savait comme personne les engueuler et les consoler.
On a la sienne, unique, dans ses souvenirs mais, des "Mado", il n'y en a heureusement pas qu'une. Parfois, on s'arrête par hasard dans un café et on se dit qu'on y est de nouveau, avec ce sentiment mélangé que quelque chose d'à la fois très semblable et très différent est là. L'histoire écrite à cet endroit n'est pas la nôtre, on n'a rien à y faire et pourtant, on ressent une forme de familiarité qui renvoie à ce que l'on a connu ailleurs, il y a longtemps.
En entrant dans cette mini-taverne grecque de Toronto pour un petit-déjeuner, je sais que j'ai quelque chose d'un intrus mais je m'y sens bien. Entre son bar encombré, ses plaques et sa hotte, une "Mado" s'essuie les mains sur son tablier en houspillant celui qui doit être son mari, assis à faire des comptes (ou des mots croisés ?) au fond de la pièce — un air du "Pépé" aux maquettes dans les Demoiselles de Rochefort. Des quatre tables de l'établissement (l'endroit est minuscule), une est déjà occupée par un homme sans âge, étrangement immobile face à un gobelet blanc, longs cheveux, regard absent, veste de survêtement, pantalon de pyjamas et pantoufles. Je comprends rapidement que "Mado" lui parle comme à un enfant, l'enfant qu'il est encore quelque part dans sa tête, avec un air cette fois — j'y pense aujourd'hui que je viens de le revoir — du "portier" d'Auggie Wren dans Smoke. Un peu plus tard, alors que le café s'animera du va-et-vient visiblement familier des ouvriers du chantier tout proche venant passer commande ou emporter leur en-cas, il s'acquittera avec succès d'une course que "Mado" lui aura confiée et reviendra s'asseoir, identique à lui-même, devant son gobelet. Et puis, juste alors que je paie au comptoir et m'apprête à sortir, l'entrée pimpante d'une fille aux cheveux noirs et frisés, disparaissant presque aussitôt dans l'arrière-boutique après avoir claqué la bise à "Pépé", transforme en un instant la scène au temps jusque-là ralenti et la ramène à une évidence joyeuse. Un je-ne-sais-quoi dans son allure — et dans la situation — me rappelle la fille virevoltante de Sean Penn dans Mystic River.
Oui je sais, je vais trop au cinéma (on me l'a déjà dit).